1559 : une année charnière, la naissance du capitalisme en Europe

Ce texte est extrait de "vers un modèle astrologique de l'histoire" (éditions de Janus).

Si on respecte le symbolisme astrologique il va de soi que le grand cycle Saturne-Neptune initié en Taureau s’adresse préférentiellement aux questions liées à la possession économique et territoriale. Nous savons en outre que la relation Saturne-Neptune représente un incessant ballet entre deux principes, entre deux valeurs : l’autonomie et l'union. L’impulsion vers l’unité (Neptune) cherche à se cristalliser dans des expériences ou des événements concrets (Saturne), quitte parfois à s'enfermer dans un dogme sclérosante. Nous touchons la profonde ambivalence déjà signalée entre ces deux archétypes. La phase croissante du Grand Cycle diffuse les idéaux universalistes neptuniens. Ensuite le second hémicycle s’efforce coûte que coûte de maintenir les acquis. L’universel se spécialise et perd sa vocation première. Enfin, le dernier quart du Grand Cycle procède au dépeçage des anciennes formes pour en libérer l’esprit si cela s'avère nécessaire.

La conjonction Saturne-Neptune de 1559 exprime les valeurs du Taureau. En d’autres termes sont ici en jeu les possessions territoriales (colonisation), l’organisation et la stabilisation des flux financiers (mercantilisme). Le pain, l’artisanat, les richesses matérielles devraient normalement occuper la conscience émotionnelle des Européens. Les nations qui sauront structurer et organiser (Saturne) l’expansion illimitée (Neptune) des valeurs matérielles (Taureau) telles que l’or, l’argent et les colonies sont promises à un bel avenir. Les autres, toutes celles qui ne sauront pas saisir l’esprit du temps, vont provisoirement s’effacer de la scène mondiale.

Avant de détailler la teneur signifiante et événementielle des quatre cycles qui couvrent la période 1559-1703 il convient pour plus de clarté d'en dessiner dès à présent les grandes étapes :

Certes, ni l'Angleterre ni, plus tard, la Russie communiste n'eurent le monopole des valeurs de renouveau spirituel et matériel véhiculées par la conjonction. Cependant, pour des raisons inconnues, ce furent elles qui répondirent le plus intensément - mais pas nécessairement le mieux - aux opportunités historiques. Rappelons, au risque de nous répéter, que l'histoire de la création de l'empire maritime anglais s'insère dans le contexte historique du cycle Uranus-Neptune proche de son apogée, c'est-à-dire au moment où les Habsbourg dominent le monde. Charles Quint pouvait affirmer à juste titre que jamais le soleil ne se couchait sur son Empire. Il vient d'abdiquer et de léguer sa charge à Philippe II. La conjonction Saturne/Neptune de 1559 se forme à 26° du Taureau et réactive par opposition les mémoires historiques de la conjonction Uranus/Neptune de 1478 à 30° du Scorpion. L’Angleterre et d’une manière générale les porteurs du G.C. Saturne/Neptune deviendront progressivement des contre-pouvoirs à l’hégémonie des Habsbourgs.

Le nouveau visage politique de l'Europe :  l’année 1559.

Physique

Espagne : Philippe II rejoint la péninsule ibérique depuis la Flandre où il résidait. Ce roi sédentaire et studieux va dès lors centraliser le pouvoir en développant une bureaucratie pesante. Le traité de Cateau-Cambrésis (1559) a donné l’Italie à l’Espagne : le blé de la Sicile, les banques et la flotte de Gênes, les soldats de Lombardie seront les pièces essentielles de la monarchie. Une perspective cyclique de l’histoire souligne l’importance de ce traité pour le maintien des acquis territoriaux conquis lors du premier hémicycle Uranus-Neptune. Logiquement ce traité devait profiter à l’Espagne puisque ce pays s’est chargé d’incarner le cycle Uranus-Neptune qui va atteindre son apogée cinq ans plus tard, en 1564. Deux années auparavant le Portugal, avec son immense Empire commercial en Afrique et en Amérique du sud, amorçait une décadence brutale. La mort du roi Jean III (1557) laisse le pouvoir dans les mains de son fils qui ne rêve que de conquêtes. Allant contre l’esprit du temps, ne comprenant pas que l’apogée du cycle Uranus-Neptune impose le début de la consolidation et non la poursuite effrénée des rêves de grandeur, l’ambitieux souverain entraînera son pays dans le plus complet désarroi.

France : Le 10 juillet 1559 Henri II meurt à la suite d’un accident de tournoi. Le pouvoir, fortement ébranlé, est fermement repris en main par Catherine de Médicis dès 1560.

Angleterre : En 1558 la mort de Marie Tudor fait monter sur le trône d’Angleterre sa demi-soeur, Elisabeth. Agée de 25 ans, la nouvelle reine va propulser l’Angleterre sur les rails du développement économique via la création d’un empire maritime inégalé. Cette même année Jenkinson rejoint la Perse en remontant la Volga. La route maritime pour le commerce vers l’Orient et la Chine est enfin ouverte. Cet événement en soi anodin sonne le glas du monopole commercial portugais, d’autant plus que des corsaires à la solde de l’Angleterre comme John Hawkins naviguent jusque sur la côte d’Afrique occidentale et ramènent de l’or, de l’ivoire et des esclaves au nez et à la barbe de la flotte portugaise.

Suède : Eric XIV hérite du pouvoir à la mort de son père, Gustave Vasa, en 1560. C’est un prince ambitieux, mais menacé par la folie, qui inaugure l’impérialisme suédois dans la Baltique.

Le cas particulier des Provinces-Unies : Malgré leur rôle commercial déterminant aux XVIe et XVIIe siècles elles se sont greffées sur un autre cycle interplanétaire. Fondées en 1579 par l’union d’Utrech au moment d’une conjonction Saturne-Uranus en Verseau la république des Provinces-Unies prit fin en 1795 au moment d’un carré décroissant entre ces mêmes planètes.

En ces années 1558-1560 les principaux acteurs du drame européen entrent en scène. Un souffle d’expansion euphorique qui voile provisoirement la phase de déclin du continent imprime une direction qui perdurera jusqu’en 1630 au moment d’opposition du Grand Cycle Saturne-Neptune. Le déchirement du voile des illusions en sera d’autant plus douloureux. Mais avant de décrire ce processus en termes d’événements il convient de se souvenir que ceux-ci sont les symboles d’une contrepartie subjective. Que signifie la constitution des empires maritimes si ce n’est une puissante stimulation du corps émotionnel de l’humanité et le besoin de le canaliser dans de nouvelles institutions, dans de nouvelles règles, dans de nouvelles pratiques ? L’organisation (Saturne) de la vie maritime (Neptune), c’est aussi l’organisation (Saturne) de la vie religieuse (Neptune) sous son angle émotionnel et utilitaire : la foi et les oeuvres.

Ethérique

Espagne : La banqueroute des finances espagnoles et françaises la même année  - en 1557, à la fin du G.C. Saturne-Neptune précédent - oblige les deux protagonistes à signer le traité de Cateau-Cambrésis. Néanmoins la conjonction de 1559 donne un nouvel élan aux flux d’argent grâce à une augmentation considérable de la quantité de métaux précieux en provenance des mines du nouveau monde. Et s’il fallait un symbole supplémentaire d’une transformation radicale de l’économie dans les années à venir il suffit de constater que le métal argent importé supplante définitivement, en quantité, l’exploitation des gisements aurifères. L’énergie (financière) passe d’une symbolique solaire (l’or) à une symbolique lunaire (l’argent) : les forces vives de la terre ne sont plus mises au service du sacré (le Soleil associé à l'or) mais vont servir à alimenter les besoins en confort et en sécurité de la vie quotidienne (la Lune associée à l'argent métal). Les richesses espagnoles et la pratique des hauts salaires attirent de nombreux artisans qui fuient la pauvreté et les persécutions religieuses de leur pays d’origine. Ces savoir-faire, en provenance de France notamment, alimentent l’Empire en forces vives, créatrices et innovatrices. Le parallèle est aisé avec la situation mondiale actuelle : la conjonction Saturne-Neptune du nouveau Grand Cycle qui commençait en 1989 s’accompagne d’un afflux de réfugiés politiques et économiques en provenance des pays de l’Est, vers l’Europe occidentale. La différence essentielle réside dans la position de ce G.C. Saturne/Neptune au sein du cycle Uranus/Neptune : la conjonction exacte de ces deux dernières planètes en 1993 annonçait une nouvelle tentative vers l’unité européenne réalisée  une fois encore par le jeu complexe des alliances lors du traité de Maastrich. Philippe II, au contraire, devait affronter les risques contenus dans la phase d’opposition du G.C., à savoir une dislocation de l’unité européenne.

L’arrivée massive d’argent entraîne une hausse des prix qui secoue toute l’Europe. Une fois encore, qu’il s’agisse de l’immigration ou de l’inflation, la nécessité de réguler (Saturne) les flux (Neptune) devient de plus en plus évidente aux yeux des contemporains. Les premières mesures efficaces seront proposées en 1568 au moment du premier carré Saturne-Neptune. C’est sans doute l’Angleterre qui a su réagir avec la plus grande efficacité aux bouleversements mondiaux : dès 1558 Thomas Gresham propose à la reine Elisabeth une réforme monétaire qui assurera à son pays la meilleure monnaie d’Europe. Et pour longtemps.

La hausse des prix qui caractérise cette période ne lasse pas d’inquiéter les contemporains qui ont connu une relative stabilité des prix tout au long du siècle précédent. En 1568 Jean Bodin donna pour la première fois une explication du phénomène en le mettant en relation avec l’afflux d’or des Amériques. Pour qui sait regarder les significations la théorie mercantiliste est un reflet quasi-exact de cette relation planétaire commencée en Taureau[1] :

“L’idée de base est qu’il y a dans le monde une quantité fixe de richesses, que les divers peuples ne peuvent que se partager ; le problème est donc pour chaque pays d’accroître sa part, c’est-à-dire d’attirer chez lui l’or et l’argent par l’excédent de sa balance commerciale. Afin de réduire les importations et de valoriser les exportations, il faut donc incorporer dans les produits le plus possible de travail, ce qui offre en outre l’avantage de lutter contre l’oisiveté ; il faut aussi empêcher que d’autres peuples ne s’approprient les profits du commerce, et pour cela il faut reprendre aux étrangers le transport maritime, et créer des compagnies commerciales. Enfin il faut étendre et compléter les possibilités de l’économie nationale en colonisant des terres nouvelles.”

Evidemment, une telle théorie n’est pas encore explicitement formulée en 1559. Ces concepts sont bien plutôt la conséquence de l’état d’esprit qui régnait à l’époque. Mais qu’est-ce que “l’état d’esprit” d’une période historique si ce n’est la sensibilité plus ou moins confuse des contemporains à la qualité inergétique de l’instant ? Ce temps de l’histoire a développé l’idéologie du travail et le sens de l’utilité de chaque citoyen. Jamais depuis les heures les plus sombres du Moyen-Age la pauvreté n’a fait tant de ravages, jamais tant d’efforts n’ont été déployés pour donner un métier à tous, pour supprimer le vagabondage, enfermer les mendiants et créer des oeuvres de charité.

Emotionnel.

Luther édicta sa Réforme dès 1517 mais les cristallisations idéologiques à l’origine des guerres de religion se figèrent dramatiquement à partir de 1559. Comme on pouvait s’y attendre l’esprit de la Contre Réforme part de Rome. Pie IV à qui échoit la fonction suprême en … 1559 attire aussitôt dans la ville pontificale, selon l’usage du temps, son jeune neveu de 21 ans qu’il nomme cardinal. Charles Borromée brûle d’un saint zèle pour la réforme de l’Eglise catholique. Initiateur ardent du renouveau spirituel[2]

« …le jeune cardinal-neveu prend son rôle avec un sérieux et une piété extraordinaires ; il vit en ascète, travaille avec acharnement et, sitôt terminé le Concile de Trente, il se charge d’appliquer les réformes en prêchant l’exemple. »

Mais il n’est pas le seul à brûler dans la flamme ardente des espoirs de renouveau. D’autres semences ne demandent qu’à germer en cette période fascinante de début de cycle. Ignace de Loyola meurt en 1556. Les Jésuites sont alors un millier. Ils seront 5000 en 1581 et 13 000 en 1615 ! C’est peu dire que l’aspiration religieuse touche les foules. Les grandes orientations apostoliques de la Compagnie de Jésus sont fixées à la mort du fondateur : missions dans les pays lointains (Inde, Chine, Amérique) et lutte contre l’hérésie protestante en Europe. Pour cela les Jésuites mirent au point un remarquable système d’éducation et fondèrent de nombreux collèges en proposant des études gratuites. Pourtant Rome n’a pas le monopole du renouveau spirituel même si, par fonction, elle en accentue le pôle saturnien structurant. En Espagne la future sainte que deviendra Thérèse d’Avila expérimente entre 1556 et 1560 quatre années d’intenses expériences mystiques : extases, ravissements, visions de l’enfer et enfin transverbération. De celles-ci elle tirera l’énergie et la volonté indispensables pour fonder de nombreux couvents et rénover l’ordre des Carmélites. De 1567 (premier carré Saturne-Neptune) jusqu’à sa mort en 1582 elle en instituera presque un chaque année. Dans le monde protestant Calvin ouvre à Genève, toujours en 1559, une académie destinée à former les ministres du culte. Il structure ainsi son Eglise et lui donne un statut social ainsi qu’une ville d’élection. Pendant que Thérèse manifeste dans son corps la dimension mystique et neptunienne du cycle, le calvinisme se charge jusqu’à l’excès de pôle saturnien de la conjonction faisant ainsi écho à l’ascétisme rigoureux prôné par le cardinal Borromée. Dans l’édition de 1559 de l’Institution Chrétienne Calvin esquisse un plan d’organisation religieuse et politique très strict[3] :

« L’ordre moral calviniste règne sur la ville. Genève est une cité de verre, chaque foyer est soumis à la surveillance d’une véritable police spirituelle. Pendant une génération Consistoire et Conseil travaillent la main dans la main : le premier excommunie les ivrognes, les débauchés, etc. le second les châtie. »

Du point de vue symbolique il n’est pas inutile de rappeler que cette ville, qui va accueillir de nombreux pèlerins fuyant l’intolérance religieuse (celle des autres, évidemment !) fait ses premiers pas dans une industrie qui deviendra célèbre : l’horlogerie ou la maîtrise du temps.  Du physique à l’émotionnel la rigueur et le contrôle imposent leurs marques sur la ville et ses habitants. Cette volonté de rejeter les éléments impurs qui ne se conforment pas à l'idéal en vigueur, nous l'avons déjà rencontrée. C'était la houlette de fer de Staline qui imposait par le goulag le paradis communiste. L'ordre moral calviniste impose, lui aussi, aux habitants de Genève de vivre en parfaite conformité avec leur religion. C'est à nouveau la marque "purificatrice" de Pluton qui, en 1559, formait un carré avec Saturne. Même situation astrologique et mêmes conséquences politiques. Toutes proportions gardées évidemment !

En France Catherine de Médicis est plus pragmatique. Les conflits religieux ne l’enthousiasment guère. En femme politique qui observe la cristallisation des orthodoxies religieuses, elle s’efforce de réunir protestants (huguenots) et catholiques autour d’une même table afin d’ouvrir la voie à une conciliation. En 1561 le Colloque - terme choisi officiellement pour ménager les susceptibilités catholiques - ouvre ses portes en présence des cardinaux et des plus éminents théologiens de l’Eglise Réformée. Outre l’échec des pourparlers ce pseudo-concile fit prendre aux protestants la mesure de leur force et raviva les querelles. Dans le même esprit, les Edits de Tolérance accordés aux huguenots après 1562 ne firent qu'encourager l’intransigeance des deux groupes de croyants.  A un sincère désir de pacification et de rapprochement s’oppose l’esprit du temps symbolisée par la conjonction Saturne-Neptune : celui-ci insuffle dans chaque être réceptif un sentiment de fascination pour quelque chose de neuf qu’il interprète comme une vérité, comme une semence d’amour et de foi capable de changer les rapports humains. Or, en convoquant ce colloque, Catherine utilisait les outils d’une opposition. Elle croyait au dialogue et à l'objectivité. Mais c’est seulement lorsque les différences individuelles se sont estompées par l’épuisement des forces vitales et le retrait de la puissance fascinante de la conjonction que les protagonistes sont prêts à discuter objectivement de leurs croyances.

Ici encore le parallèle avec les événements contemporain et l’échec de Gorbatchev à conserver l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques est criant. Les revendications nationalistes séparatives (Saturne) l’emportent sur les forces de l’union (Neptune). Le poids du passé et des anciennes structures administratives scindent l’esprit d’universalisme (Neptune) en plusieurs courants irréductibles. La Yougoslavie et la Tchécoslovaquie subissent les mêmes avanies, encore que la conjoncture astrologique soit plus complexe à décoder (il faut tenir compte du rôle traditionnel du cycle Saturne-Pluton dans les Balkans, notamment en 1993 à l’occasion du carré entre ces deux planètes).

En Angleterre entre 1558 et 1563 la reine Elisabeth donne un statut politique à l’Eglise anglicane à mi-chemin entre les principes de la Réforme protestante et le catholicisme. C’est en 1559 exactement que le parlement anglais abolit les ordonnances de Marie Tudor (catholique) et donne à la reine le droit de décider du sort de l’Eglise.  Probablement est-ce là l’une des attitudes les plus judicieuses  face à un début de cycle : construire et structurer une nouvelle entité qui puisse profiter pleinement des temps nouveaux. C’est ainsi que le compromis élisabéthain fixe les traits de la nouvelle foi. Plutôt que de chercher une vaine conciliation entre les protagonistes comme le fit Catherine de Médicis, Elisabeth a su unir le peuple d’Angleterre sous l’égide d’une nouvelle croyance officialisée. Le puritanisme a un bel avenir devant lui.

A l’exception de la Russie encore à l’âge féodal le nord de l’Europe accepte sans douleur la Réforme qui prône un retour aux textes bibliques, l’absence de toute hiérarchie religieuse et la foi comme seule puissance rédemptrice. A partir de 1559 l’Europe se partage en trois zones d’influences. Au nord avec la Suède, les Pays Bas et les pays germaniques les religions de Luther et de Calvin emportent les convictions. Au sud avec l’Espagne et l’Italie la foi catholique se renouvelle grâce à la Contre Réforme Au centre avec la France et l’Angleterre des solutions conciliatrices sont mises en oeuvre.

Signalons pour mémoire la présence de la conjonction Saturne-Neptune dans le monde islamique. En 1556 l’héritier des Mogols, Akbar, était un enfant de 13 ans. En 1561 il fait assassiner son tuteur et prend définitivement le pouvoir. Enfin libre de gouverner, le Mogol commence une politique de conquête contre les Rajpoutes (1567-1569 / carré ) si bien qu’en 1576 (opposition) il a annexé tout le nord de l’Inde. A partir de ce moment ce souverain brave et belliqueux s’absorbe dans des problèmes religieux et dans l’organisation de son empire. En 1586 (carré décroissant) il annexe le Cachemire pour protéger ses frontières. Instigateur d’une nouvelle foi qui ne lui survivra pas le Grand Mogol se fit le défenseur de la liberté religieuse. Après sa mort en 1605 ses successeurs vécurent dans une magnificence qui voilait la décadence de l’empire. Cette étonnante épopée d’Akbar se calque exactement sur le premier cycle Saturne-Neptune, tant sur le plan géographique que culturel : mise au point d’un système fiscal plus équitable en répertoriant le cadastre des terres cultivées, centralisation administrative comme dans l’Espagne de Philippe II, rénovation religieuse et construction d’une nouvelle capitale. Justement surnommé Akbar le Grand par ses contemporains puis par l’Histoire cet étonnant personnage qui ne savait ni lire ni écrire su se mettre en phase avec les besoins de son temps en respectant intuitivement le rythme d’expansion (phase croissante) et de consolidation (phase décroissante) du cycle Saturne-Neptune.

Mental

L’effet de la conjonction Saturne-Neptune sur le mental collectif de l’humanité est peu visible, probablement en raison de son développement encore embryonnaire. La religion naïve dominait alors la conscience des masses. Les querelles théologiques et autres arguties intéressent peu les foules, même si celles-ci développent de vives réactions affectives face aux discours démagogiques des prédicateurs. Le seul indice que nous ayons pour caractériser l’expansion (Neptune) d’une organisation (Saturne) sur le plan mental à cette époque est l’extraordinaire effort des Jésuites pour rendre le savoir accessible à tous. Fondé sur la progressivité des études (les classes) et l’effort individuel (les compositions) l’enseignement comprend de la littérature (latin, poésie), des sciences et une formation philosophique (une innovation des Jésuites !). A côté de cela une large place est réservée aux sports et aux spectacles dramatiques joués par les élèves. La généralisation des collèges et les premiers pas du développement mental de l’humanité prise comme un tout sont à resituer dans le cadre d’un cycle pluriséculaire qui dépasserait l’objectif de la présente analyse.

1559 fut une année extrêmement riche en événements semences pour l’Europe. Un “événement-semence” ne ressemble en rien à un bouleversement ou un accomplissement objectif visible aux yeux du plus grand nombre. Sa nature qualitativement intense qui se cantonne à la sphère du local tient parfois au fil ténu de la vie d’un individu particulièrement réceptif. Ce fut le cas de Sainte Thérèse d’Avila et, à un autre niveau de la spirale, de Marx. Dans l’ombre des couvents espagnols et dans les salles silencieuses des bibliothèques de Bruxelles l’un comme l’autre s'efforçaient de répondre aux besoins de leur temps. Au dehors, les anciennes croyances sont rudement questionnées, le chaos s’empare du terreau humain afin de l’aérer et de le fertiliser jusqu’à ce que le mur des certitudes, construit à l’occasion du cycle précédent, se fendille et accueille le pouvoir fécondant de la nouvelle vision.



[1] Luce Pietri et Marc Venard, Le monde et son histoire (Vol. 1) p 508. Ed. Robert Laffont (1971).

[2] Luce Pietri et Marc Venard, Le monde et son histoire p 521. Ed. Robert Laffont (1971).

[3] Ibid. p 539.

Siddhartha

Un livre d'Hermann Hesse sur l’éveil spirituel qui fut longtemps pour moi un livre de chevet

Notre expérience nous est propre et ne peut être comprise par nous que dès lors que nous la menons. Nous ne devons pas croire les pensées et les doctrines dispensées par d'autres car les mots ne peuvent jamais habiller parfaitement les sensations reçues par l'expérience réelle.

Au cours de son voyage initiatique Siddhartha va apprendre qu’il faut vivre au présent, apprécier l'instant et suivre la voie des événements qui se présentent à lui (à nous ?) tous les jours.

Commander : Siddhartha

Demian

Demian est le fruit d'une réflexion profonde sur l'âme humaine, les tourments de l'adolescence, cette période tragique et magnifique à la fois, où l'on doit trouver sa voie, où l'on commence pour la première fois à se cogner à la vie, sans la protection rassurante de ses parents, où l'on se rend compte que l'on est fondamentalement seul pour affronter la vie. Cette oeuvre nous dit que nous ne sommes pas seul, et qu'on a raison d'essayer, qu'il ne faut jamais renoncer face à l'adversité, que la plus grande des récompenses est celle "d'être un homme", que "l'avoir" n'est qu'illusion. Un ouvrage proposé par Albin Virdis

Commander : Demian : Histoire de la jeunesse d'Émile Sinclair

Le jeu des perles de verre

C’est sans doute l'un des principaux romans initiatiques du XXe siècle. Douze années ont été nécessaires à Hesse pour écrire ce chef d’œuvre qui lui a valu le prix Nobel de littérature en 1946. Tout au long des années de guerre, Hesse incarna la résistance de l’esprit contre les puissances de la barbarie, le national socialisme d’Hitler.

Ce livre nous nourrit l'esprit. L'auteur nous transporte dans un monde imaginaire, tantôt beau, où une école de pensée semble avoir atteint le sommet, tantôt sombre, lorsqu'on se penche plus sur cette même école et que l'on découvre les travers qu'elle a pu créer sans même le vouloir.

C'est ainsi que l'on voyage avec le héros de ce roman, allant de la cité même à des contrées plus ou moins éloignées, ces voyages étant plus spirituels les uns que les autres. On assiste à la fulgurante ascension de Joseph Vallet au poste de Maître du Jeu, grâce à la sagesse acquise grâce à ses nombreux voyages et ses nombreuses rencontres.

On découvre la richesse qu'apporte l'idée de mélanger les discplines, de ne pas cloisonner la réflexion, mais au contraire de s'intéresser à de nombreux domaines aussi différents les uns des autres, mais qui permettent en réalité d'ouvrir son esprit à bon nombre de conceptions différentes.

Le lecteur qui a la chance d’être touché par la profondeur de ce récit en ressort métamorphosé. La fin du chapitre « En fonctions » est particulièrement révélatrice.

Un ouvrage remarquable proposé par Albin Virdis

Commander : Le Jeu des perles de verre

Le loup des steppes

Harry Haller, cinquantenaire avait tout misé sur le Beau, l'Art, les Idées, en bref, l’Intellect, avant de se donner le coup de rasoir décisif face à un monde devenu absurde, un monde qui ne lui apportait que souffrance et désillusions.

Le fantastique s'invite alors dans le roman une première fois, sous la forme de visions étranges qui lui font découvrir que le monde peut être différent. Il rencontre d'autres personnes, une femme Hermine qui l'hypnotise, un joueur de saxophone sud américain (Pablo), sorte de sorcier vaudou manipulant allègrement toutes sortes de substances permettant de quitter le réel pour mieux le retrouver.

Il y a aussi la figure du Bal masqué, celle du Théâtre (des Insensés où seuls sont admis les fous) et les nombreuses images oniriques des couloirs, des portes, des lumières, des musiques de l'au-delà.

On l'a compris, ce roman est une ondulation vertigineuse autour de la question essentielle du sens de la vie, une quête du graal moderne. Cette interrogation existentielle trouve sous la plume de Hesse, une solution éblouissante de génie.

Il n'est pas surprenant, tant il dérange et réveille, que cet ouvrage fût interdit par les nazis.

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Narcisse et Goldmund

A travers deux personnages Hesse tente de réconcilier les deux pôles de chacun d'entre nous. Sensualité et spiritualité, le corps et l'esprit. Deux personnages tout ce qu'il y a de plus commun, chacun représentant un archétype, avec son cortège de complexité et de contradiction. C'est l'illustration du dualisme inhérent à chacun d'entre nous, la complémentarité entre la nature animale et la nature spirituelle qui nous animent.

Rien n'arrêtera Goldmund dans son errance, avide de liberté et insensible aux honneurs, à la richesse et au confort moral ou physique, en quête d'un sens à sa vie en cheminant vers lui-même pour être à l'écoute de sa vraie nature. Ni les nombreuses femmes qu'il conquerra, ni le froid ni la faim, ni la peste ni les brigands n'auront raison de sa volonté.

Ce voyage au moyen-âge fait figure de conte philosophique allégorique. Ecrit dans un style riche, précis et poétique où l'émotion subsiste au fil des 400 pages de ce récit initiatique et dont la trajectoire des protagonistes longtemps divergente finit par converger dans les trois derniers chapitres d'anthologie.

Commander : Narcisse et Goldmund